"Non" en 2005 ! Mélenchon en 2012 !
Nous avons de la suite dans les idées. Le 29 mai 2005, nous étions 10 300 000 électeurs de gauche qui rejetions l'Europe libérale du TCE. Une victoire arrachée contre l'ensemble des médias, presse écrite, parlée, télévisuelle, et les directions du PS et des Verts, une victoire portée par un ensemble de forces rassemblées, MRC, LCR, LO, PCF, les "nonistes" du PS et des Verts, CGT, FO, Solidaires, FSU, UNEF, Sud Etudiant, Fondation Copernic, Attac ... Le PCF qui était alors la seule force politique "autorisée" à participer à la campagne officielle avait ouvert aux autres son espace officiel.
"Ouiouistes", minoritaires, et "nonistes" majoritaires. Tel fut en mai 2005 le nouveau visage de la gauche. Victoire éphémère cependant, car il ne suffit pas de se rassembler pour dire "non", il faut ensuite construire le front populaire qui fait cruellement défaut à gauche et qui incarnera cette prise de conscience.
Que cette victoire nous ait ensuite été volée, par l'adoption du Traité de Lisbonne, n'a pu que nous conforter dans notre détermination à construire la force politique unitaire capable de résister aux libéraux et de proposer un projet alternatif. "Têtes dures" aux histoires différentes, anarcho-syndicalistes, altermondialistes, écologistes, féministes, communistes, socialistes, tous citoyens progressistes, nous nous sentons à l'aise au sein du Front de Gauche.
Que de similitudes entre ces deux moments du combat ! Pas plus qu'en 2005, nous n'avons, en 2012, une audience favorable. Les dés sont pipés et les jeux sont faits - "choisissez entre Hollande et Sarkozy, et délectez-vous, entre-temps, de leurs petites phrases, de leurs coups médiatiques ! Suspense garanti !"
Mais comme en 2005, nos consciences s'éclairent mutuellement, nous discernons mieux, aujourd'hui, après tant et tant de coups portés au travail, aux services publics, à la souveraineté populaire dans le cadre de cette Europe libérale de la "concurrence libre et non faussée", les contours des deux camps en présence. Car il ne faut pas se raconter d'histoire, la frontière qui nous sépare de l'autre camp - celui qui prône l'union des classes dans l'économie de marché et le capitalisme vert - passe bel et bien par Cohn-Bendit et Hollande. Bien sûr, certains, autour d'Emmanuelli, de Marie-Noëlle Lienemann ou de Noël Mamère qui se retrouvent avec nous pour voter contre le Mécanisme Européen de Stabilité sont tentés par le vote utile mais, inéluctablement, parce que le PS est bien "l'astre mort" dont parle Jean-Luc Mélenchon, la recomposition à gauche se fera et le pivot en sera le Front de Gauche.